"La télé rend fou"

Toute ressemblance avec des personnages existants est purement fondée. Les dialogues sont vrais, les dialoguistes parfois intervertis. Les stars ne sont ici que pour illustrer un vieux slogan : « La télé rend fou ».

« Madame, Monsieur, Bonsoir », écrit à « dix mains » par des journalistes de la chaîne privée TF1, révèle les dessous de la fabrication du JT le plus regardé de France. Le livre, paru en janvier, se veut un miroir de l’ambiance plombée de la rédaction de la première télévision française. Tout le monde observe tout le monde. L’information circule par bruits de couloir. La machine est bien huilée. Pour le volet « croustillant », le présentateur vedette, Jean-Pierre Pernaut y est dépeint comme « beauf de droite décomplexé », Patrick Poivre d’Arvor (PPDA) comme « Néron », quant à Claire Chazal, on l’imagine passer son temps à contempler ses mains, « dont le soin est une obsession ». Les règles de survie implicites ? « On ne pense pas ici, on fabrique un journal » aurait déclaré PPDA à l’un des auteurs. Si du périphérique parisien on note immédiatement la transparence de la tour TF1, l’opacité règne à l’intérieur. Seuls « quelques grands prêtres et de nombreux disciples du dieu Audimat » mènent la danse.

Peut-être parce que la plupart d’entre nous regardons la télévision quotidiennement. Nous pensons savoir comment fonctionne la machine à fabriquer le JT. Les commentaires sont reçus comme simples reflets de la réalité, allant de soit, images à l’appui. Mais lorsque le tour de « l’actualité » doit être fait en moins de 30 minutes, le temps moyen de lecture d’un quotidien gratuit (du type Métro ou 20 minutes), pas de place pour le détail et les explications. Surtout que le sujet est souvent fait dans l’urgence. Le journaliste télé dispose environ d’une minute d’antenne. Peut importe. Dans la pratique, on lance à son monteur « monte-moi 25 secondes de bordel, on mettra ensuite deux témoins ». Voilà ! Suffisant pour donner aux téléspectateurs une impression de la dernière manifestation étudiante.

« Tout le monde veut faire de la télévision » !

Le 13 heures de Jean-Pierre Pernaut, par exemple, comment ça marche ?
« - Allo ? ça te dit un petit tour en Lozère ?
- Pourquoi pas… De quoi on parle ?
- Trois minutes sur le dépeuplement de la campagne.
- Banco ! J’en ai déjà tourné un dans les Hautes-Alpes, pour le 20 heures. Il nous faut un cul-terreux, un qui sache pas qui prendra sa succession, et une agence immobilière qui vend aux Anglais « le bonheur est dans le pré ». Si on a le temps, un épicier qui s’apprête à fermer because la grande surface. »

Pour la production du JT, la chaîne se divise en services ou en unités. L’unité Culture et cinéma, souvent relais des boîtes de productions qui offrent gracieusement leurs bandes-annonces. L’unité Patrimoine, où se regroupent les « journalistes les plus âgés et les moins appréciés ». L’unité Politique et consommation. Ce dernier terme étant plus parlant qu’« économie ». Les reportages « conso » sont souvent destinés aux 13 heures, sur le mode « combien ça coûte » et « c’est toujours trop cher ». Quant à la politique, inutile d’y toucher sans avoir fait ses armes de « petits soldats ». Le service News ou Evènements, permet de passer souvent à la télévision, on y traite les imprévus. Enfin, l’unité Société, vaste domaine, allant de l’éducations aux vieux, en passant par les pauvres. Ne manque plus que Notre époque, où l’on s’intéresse, entres autres, au jardinage, aux dernières innovations de la chirurgie esthétique ou à l’environnement. La règle générale à tous ces services et ses journalistes: « un bon sujet est un sujet qui arrive on time ». A TF1, « le chacun pour sa pomme se porte ici encore mieux qu’ailleurs ».

Qu’en dit le dieu Audimat ?
La part d’audience (la part que représente la durée d’écoute d’une chaîne dans la durée d’écoute totale du média télévision) de TF1 était de 26.7 % pour la semaine du lundi 14 avril au dimanche 20 avril 2008, en légère baisse par rapport à la semaine précédente. Loin devant France 2, la deuxième chaîne la plus regardée en France, avec 17,2 % de part d’audience la même semaine.
Source : Médiamétrie – Médiamat, www.toutelatele.com

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