Energies renouvelables : bilan mitigé d’une vie en vert

Publié le par P.M.

La question est sur toutes les lèvres. Les énergies renouvelables sont-elles la solution à la lutte contre le réchauffement climatique?  Tandis que fleurissent les initiatives en faveur des renouvelables, leur bilan reste contrasté et leurs perspectives d’avenir encore incertaines.

10 000 fleurs solaires dispersées devant le Conseil Européen à Bruxelles pour célébrer l’avènement de la présidence Slovène de l’Union européenne… Face au réchauffement climatique, à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et à l’épuisement des réserves mondiales de pétrole, rien n'est trop beau pour sensibiliser l’opinion publique aux bienfaits des énergies vertes.

Les renouvelables sont désormais à la mode. Une énergie produite à partir d'une source qui, contrairement aux énergies fossiles, se régénère et ne produit pas de CO2: quelle aubaine! Les « semaines vertes » se multiplient, les biocarburants se défiscalisent, les primes accordées aux utilisateurs d'énergies propres s'envolent et les architectes rivalisent d'arguments pour fournir à leurs clients des panneaux solaires photovoltaïques dernier cri.
La consommation mondiale d’énergie s’élève aujourd’hui à 11 400 MTep (million de tonnes équivalent pétrole) dont 13% sont couverts par les énergies vertes. Proportion qui reste « stable depuis 20 ans », indique l’Agence Internationale de l’Energie (AIE).

Greenpeace et le Conseil Européen des Energies Renouvelables (EREC) ne cachent pourtant pas leurs ambitions : atteindre les 50% d’énergie renouvelable d’ici 2050. « Les renouvelables peuvent produire 6 fois l’équivalent de la consommation énergétique mondiale actuelle » soulignent les deux organisations dans un communiqué du 4 mars dernier. La solution ? Exiger de la communauté internationale l’adoption de mesures réellement contraignantes afin de généraliser l’utilisation des énergies renouvelables.

Or, même si l'énergie verte reste une excellente alternative aux émissions de gaz à effets de serre, ses coûts indirects semblent bien moins « verts » qu'ils n'y paraissent et sa production est encore loin d’être suffisante pour espérer couvrir un jour les objectifs du couple Greenpeace - EREC.

Une production insuffisante et une menace pour l’environnement

Prenons l’exemple des plus populaires d’entres elles,  les énergies éolienne et solaire. A elles deux, elles ne représentaient pas plus de 0,1% de l’énergie mondiale en 2004 et leur fonctionnement par intermittence ne peut garantir une puissance régulière d'énergie. En outre, on ignore encore comment stocker d'importantes quantités d'électricité de manière efficace. La Belgique possède actuellement un parc de 200 éoliennes dont le fonctionnement par intermittence est compensé par les centrales thermiques qui fonctionnent au fuel et produisent du CO2.

Quant à l’hydroélectricité, principal fournisseur d’énergies vertes, sa production stagne en raison de la saturation des sites. Selon les chiffres de l’OCDE, la part de l’hydro-électricité dans la production électrique mondiale a chuté de 23% à 15% entre 1971 et 2003.

Autre réserve, certaines énergies vertes peuvent constituer, à terme, une réelle menace écologique. L'essentiel du parc particulier de chauffage au bois, par exemple, est constitué d'appareils anciens qui supposent 3 fois plus de bois pour produire la même chaleur. Quant à l’hydroélectricité, les mouvements écologiques dénoncent des barrages qui contribuent à la destruction des milieux naturels et à la détérioration de la qualité de l'eau. Et  comment recycler rapidement le silicium dont sont composés les panneaux solaires photovoltaïques ?

Le bilan environnemental des biocarburants, fabriqués à partir de colza, de maïs ou de betterave, est également préoccupant. « Il faut tenir compte de l’impact des engrais et des pesticides utilisés, de la consommation en eau et de l’impact sur la biodiversité quand d’immenses zones de cultures remplacent des forêts tropicales » affirme le parti Ecolo. Composés à partir de plantes comestibles, les biocarburants menacent déjà les besoins alimentaires des pays du sud. "La fabrication de biocarburants est aujourd'hui un crime contre l'humanité"  accusait le 14 janvier Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation.

La solution? « Changer nos comportements et être prudents dans l’utilisation des renouvelables » résume Olivier Schaefer, conseiller politique à EREC. La Recherche-développement devra également jouer un rôle crucial dans le déploiement de technologies capables d’améliorer les capacités de rendement et d’augmenter les possibilités de stockage de l’énergie.

La Commission européenne dévoilait en janvier dernier son plan d’action pour que les énergies renouvelables utilisées en Europe couvrent 20% de la consommation totale d'énergie d'ici 2020. Un pas supplémentaire vers l’adoption de mesures contraignantes ? Pour la Belgique, il s’agira de passer de 2,5% de part d’énergie renouvelable en 2005 à 12,1% en 2020. Le premier ministre sortant, Guy Verhofstadt, s’est empressé de faire part de ses réticences devant de tels objectifs.

Publié dans Société

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